Chers frères et sœurs dans le Christ,

Je vous salue chaleureusement et vous souhaite une joyeuse fête de Pâques. Il y a des avantages à ce que Pâques soit tardive cette année. Au fil des ans, je me souviens de nombreuses veillées pascales au cours desquelles nous avons dû enfiler nos manteaux d’hiver pour sortir allumer le feu de Pâques, ou nous n’avons pas pu allumer le feu à l’extérieur parce qu’il y avait une tempête de neige. Si les prévisions se confirment, ce ne devrait pas être le cas cette année ! Les énormes bancs de neige qui s’étaient accumulés dans ma cour et mon jardin ont fondu et les signes du printemps sont partout, depuis le son des alouettes des champs et des rouges-gorges jusqu’à la vue des crocus en train de fleurir et des tulipes qui sortent de la terre croustillante. Le réveil de la nature apporte une joie bien nécessaire.

L’hiver a été difficile dans les Prairies canadiennes, avec de longues périodes de temps froid et venteux. Les mois ont été rudes ici et dans le monde entier à bien d’autres égards. Nous vivons au milieu de grandes turbulences et d’une grande instabilité politique et économique, dans un monde de plus en plus polarisé, où la violence éclate facilement et où beaucoup ont de profondes craintes quant à l’avenir. C’est dans ce contexte que nous célébrons la résurrection de Jésus, qui nous des fondations d’espérance qui sont, pour reprendre les mots du poète e.e. cummings, « plus profonde que la mer » et « plus haute que le ciel ».

La Semaine sainte nous entraîne dans un voyage au cœur des ténèbres : déni, trahison, violence collective, brutalité, suppression de la vérité, crucifixion de l’auteur de la vie. On ne peut pas faire plus sombre. Mais Dieu ne nous laisse pas là. Du tombeau vide surgit une vie nouvelle. La vérité ne peut être réduite au silence. La mort ne gagne pas à la fin. La vie et l’amour l’emportent. Dieu ne permet pas à l’échec humain et au péché d’avoir le dernier mot.

Pâques n’est pas simplement la proclamation d’une bonne nouvelle qui nous réjouit pendant un jour ou une semaine, puis nous fait retomber en proie au découragement et du désespoir. Pâques, c’est la vue d’ensemble de ce qui se passe en fin de compte dans l’histoire. Non pas que nous soyons encouragés à croire que les choses vont de mieux en mieux, alors qu’elles ne le sont manifestement pas sur de nombreux fronts. Mais plutôt, Pâques nous rappelle que Dieu peut faire naître la vie, et qu’il le fait, même dans les périodes les plus meurtrières, que Dieu peut faire naître la lumière, et qu’il le fait, même dans les endroits les plus sombres. En fin de compte, l’histoire est entre les mains de Dieu.

La foi nous invite à nous accrocher à cette vue d’ensemble de ce que Dieu fait, à y placer notre confiance. Puis à voir le monde à travers le prisme de la mort et de la résurrection de Jésus, et à vivre de l’espérance qui y trouve ses fondements. C’est ce que nous pourrions appeler la pensée et la vie pascales. Lorsque nous voyons le monde de cette manière, nous pouvons voir l’espoir naître même dans les endroits les plus petits et les choses les plus quotidiennes : le premier regard du soleil se penchant sur l’horizon à chaque nouveau jour ; chaque nouvelle naissance ; chaque rencontre vivifiante avec un autre ; l’expérience du pardon ; la résilience face à l’adversité ; le chant de l’alouette des champs la première fois que vous l’entendez au printemps ; l’odeur des lys de Pâques ; la vie qui nous est donnée à chaque instant.

L’hymne en arrière-plan est un hymne de Pâques anglais qui reprend la mélodie d’un vieux chant de Noël français, Nöel Nouvelet. L’hymne anglais célèbre le lien profond entre l’arrivée du printemps et la résurrection de Jésus. L’hymne s’ouvre sur la germination d’un grain de blé :

« Maintenant, l’épi vert se lève, du grain enterré,
Le blé qui, depuis des jours, repose dans la terre obscure… »

L’hymne parle ensuite de la mort et de la résurrection de Jésus :

« Ils l’ont mis au tombeau, l’Amour qui avait été tué,
Pensant qu’il ne se réveillerait plus jamais,
Il est couché dans la terre comme le grain qui dort sans qu’on le voie :
L’amour est revenu comme le blé qui reverdit.

Il est revenu à Pâques, comme le grain ressuscité,
Jésus qui, trois jours durant, avait reposé dans le tombeau ;
Rapidement, le ressuscité est vu, comme un grain ressuscité :
L’amour est revenu comme le blé qui reverdit. »

Chers amis dans le Seigneur, que chacun d’entre vous connaisse la joie du Seigneur ressuscité en cette fête de Pâques, et que la joie et l’espérance qui surgissent avec Jésus du tombeau se répandent dans votre façon de voir le monde et dans chaque recoin de votre vie. Joyeuses Pâques !