
Chers frères et sœurs dans le Christ, chers amis, chères paroissiennes et paroissiens des paroisses de l’archidiocèse de Regina : nous vivons une époque incroyablement difficile, où l’espérance profonde nous échappe.
Par les temps qui courent, il est si facile de se demander où est Dieu, quand on voit aux nouvelles ces scènes de guerre et ces images de souffrance humaine et de désolation, et que le chaos survient à l’approche de solutions. D’un autre côté, tous les commerces où nous mettons les pieds regorgent de décorations étincelantes, et là, comme à la radio, tout n’est que joyeux chants de Noël accrocheurs qui nous répètent que nous devrions nous sentir heureux et acheter de beaux cadeaux.
Il n’y a rien de mal à cela en soi, et certains aspects de cette représentation de Noël sont effectivement bons, beaux et joyeux, mais ils ne nous conduisent pas au cœur de ce que nous célébrons avec l’Incarnation, la naissance de l’enfant Jésus. Noël n’existe pas dans le but de nous permettre d’échapper aux difficultés de la vie le temps d’une agréable, mais éphémère escapade. Il n’est pas là non plus pour nous déraciner de l’ici et maintenant pour nous plonger mystiquement là où Dieu règne dans une félicité à l’abri de la souffrance humaine. Pour reprendre les termes d’un auteur chrétien : « L’Incarnation ne nous fournit pas une échelle pour échapper aux ambiguïtés de la vie et escalader les hauteurs du ciel. Elle nous permet plutôt de nous plonger au cœur de la planète Terre et de la trouver chatoyante de divinité. » (Avery Dulles)
Noël peut nous remplir d’une joie profonde parce qu’il nous apporte l’assurance que Dieu est avec nous, là où nous demeurons. Il promet, d’une manière qui prend tout son sens avec la résurrection et la Pentecôte, que Dieu désire être avec nous ici et maintenant, dans une relation riche qui influence chaque partie de notre vie. Une relation avec Dieu ne signifie pas que votre vie sera toujours heureuse et facile. Le chemin que Jésus nous montre passe par la croix, le don total de soi en réponse aux blessures du monde. Mais la venue du Christ parmi nous dans l’Incarnation, sa résurrection d’entre les morts, l’envoi du Saint-Esprit, tout cela témoigne de l’engagement de Dieu à être avec nous à chaque instant de notre vie. Le fait que le Christ ait embrassé l’humanité est la promesse de Dieu d’une relation avec nous pour toujours. C’est aussi une invitation à embrasser pleinement notre humanité et notre place dans le monde avec courage, persévérance et confiance.
Pendant ces périodes de l’Avent et de Noël, nous songeons également à Marie, qui accueille courageusement ce que Dieu lui demande en portant et en donnant naissance à l’enfant Jésus. Il y a quelques jours, une amie m’a envoyé un poème extraordinaire que je n’avais jamais lu, intitulé « L’Annonciation », de Denise Levertov. Selon la poète, voilà ce que Dieu demande à Marie :
de porter en son sein un poids et une légèreté infinis ;
de porter, dans une intériorité cachée et défini, neuf mois d’éternité ;
de contenir dans le vase mince de l’être, toute la puissance
– dans la chair étroite, toute la lumière.
Puis de faire naître, de pousser à l’air libre un homme-enfant ayant besoin, comme tous les autres, de lait et d’amour
– mais qui était Dieu.
Chers amis, en ce temps de préparation à la célébration de la naissance du Seigneur, et tout au long de la période de Noël, je vous encourage à prendre un peu de temps pour vous recueillir, pour sentir la présence de Dieu et réfléchir à ce mystère du désir de Dieu de s’approcher de nous; pour parler avec Dieu dans votre cœur et vous ouvrir à nouveau au mystère de la rencontre avec un Dieu qui nous aime et qui prend chair pour être là où nous sommes. Que cette prière, cette rencontre et cette célébration vous permettent de continuer à vivre dans ce monde brisé qui est le nôtre avec une profonde espérance. Car nous ne sommes pas seuls, que ce soit en tant qu’individus ou en tant que race humaine. Emmanuel, Dieu avec nous, est toujours à nos côtés, non pas comme une idée, non pas comme des mots sur une page, mais comme une relation à vivre.
Joyeux Noël à chacune et chacun d’entre vous.

